lundi 10 août 2015

Murs en chewing-gum ?

Il y a encore quelque vingt ans, les profs attachés à leurs fonctions d'éducateurs de la belle jeunesse se désolaient en regardant l'œil morne des élèves qui leur faisaient face, et ces visages où toute la vie se réfugiait dans la zone inférieure, là  où les clapotements d'une bouche mouillée accompagnaient une mâchoire agitée de mouvements convulsifs.
Le chewing-gum était partout : sous les tables des salles à manger, sur les sièges des cinémas, sur le sol des lieux publics où ils formaient de petites taches claires qui épuisaient celles qui ne savaient pas encore qu'elles s'appelaient des techniciennes de surfaces.
Aujourd'hui, mâcher du chewing-gum est passé de mode et le matériau même est peut-être menacé. Sauf si l'on voit plus grand. Sauf s'il devient l'un des composants d'un nouveau matériau à monter les murs.
La formule exacte est encore à trouver, les détails sont à peaufiner. Mais une chose est sûre : ce nouveau ciment, en se rétractant les soirs de grand vent, permettra des soirées intimes et douillettes ; l'été, en se dilatant, il perdra ses vertus calorifuges mais il ouvrira l'espace pour des fêtes moyennes ou grandes, au choix. Les petits enfants et les vieux crétins pourront même tenter de l'utiliser pour faire des bulles.
Ce nouveau matériau aurait été le bienvenu le vendredi 7 août sur les murs du Flâneur. Ce soir-là, Jo Van Bouwel donnait un concert avec Didier Dreo. Une foule de gens était venue les entendre et ils avaient raison : la voix si harmonieuse de Jo était accompagnée, soulignée, cognée parfois par des aspérités de ces cordes étonnantes. Douceur, charme, humour, connivence, ou simple beauté - tout cela était présent ce soir-là et nous aurions aimé que plus de personnes puissent pénétrer dans la salle pour en profiter.

Pour ne pas répéter les mêmes erreurs, le concert des Voix de la Grande Tribu (le vendredi 14 août, à 20 heures) aura lieu en plein air. Dans la prairie qui coule en direction du Flâneur. Pour s'asseoir, les spectateurs auront de l'espace et le choix entre d'énormes troncs d'arbre, une herbe privée d'orties, ou des sièges, classiquement.
On croise les doigts et on envoie du sel par-dessus toutes nos épaules gauches pour que la pluie ne s'intéresse pas à la Grande Tribu. Pour qu'elle n'ait jamais entendu parler de Youenn Gwernig. Pour qu'elle n'ait aucune envie de connaître cet immense poète qui émigra aux Etats-Unis et fut un ami de Jack Kerouac, breton lui aussi. Pour qu'elle ne veuille pas comprendre que ses descendants et des musiciens amis ont voulu, au départ, lui rendre hommage en interprétant certains de ses textes et de ses musiques. Qu'elle se batte l'œil de savoir que le projet a évolué, a pris sa vie propre. D'apprendre que les filles de Youenn ont elles aussi écrit des chansons, que La Grande Tribu (du nom d'un des livres de Youenn Gwernig) a sorti un CD et, puis s'est trouvée, à peine née, balancée dans des lieux aussi gigantesques que Les Vieilles Charrues ou le Festival de Cornouaille. Et que chaque fois le succès a été gigantesque.
On espère de toutes nos forces que la pluie, qui a raté toutes les dernières manifestations de la Grande Tribu, va encore louper Les Voix de la Grande Tribu, qui se produisent ce soir-là dans le cadre du festival Empreintes d'artistes.
C'est dit, la pluie cédera sa place le 14 août - faut-y être bête quand même !
Youenn Gwernig


Et puis deux précisions :
- J'ai annoncé que la boulangère serait absente du marché du vendredi sur le parking du Flâneur dans les quinze jours à venir. C'est vrai, mais pour que vous puissiez poser votre beurre, l'apiculteur Guillaume Leturgie, qui est aussi boulanger, apportera son pain.
- Les séances d'apprentissage de l'espagnol qui devaient avoir lieu les mercredis 12 et 26 août sont reportées aux jeudis 13 et 27 août. Même lieu, mêmes heures.



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